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«Financez une websérie qui vous ressemble!» – Le sociofinancement en webtélé

Le sociofinancement (crowdfunding en anglais) est une forme de financement alternative aux modèles traditionnels basés sur la publicité, les subventions publiques ou l’abonnement. En sociofinancement, le créateur d’un projet lance un appel général au public à qui veut bien contribuer à financer ledit projet, en échange de quoi les investisseurs sont récompensés par diverses contreparties personnalisées, selon leur niveau de contribution. Par exemple, pour une websérie, les donateurs de 20$ peuvent se voir offrir une affiche autographiée des artisans ainsi que leur nom au générique, alors que les fans offrant 50$ recevront également une copie DVD de la saison complète.  Les expressions « production communautaire », «production participative », « financement participatif » ou «financement 2.0» sont également utilisées pour désigner cette pratique.

Les campagnes de sociofinancement opèrent soit selon le principe du «tout ou rien» ou selon celui du financement flexible. Dans le premier cas, le porteur de projet détermine un montant qu’il aimerait obtenir ainsi qu’un laps de temps qu’il se donne pour amasser cet argent. Par exemple, un réalisateur souhaitant lever des fonds pour son prochain court-métrage peut évaluer ses besoins à 10 000$ et se donner 60 jours pour atteindre cet objectif.  Si il réussit à amasser cette somme dans les temps donnés, ses investisseurs seront chacun débités du montant qu’ils avaient promis et le projet aura réussi sa campagne de sociofinancement. Par contre, si l’objectif n’est pas rempli à temps, aucun argent ne sera débité du compte des investisseurs et le réalisateur ne recevra rien.  La plupart des plateformes de sociofinancement opèrent selon ces termes. Dans le cas des campagnes à financement flexible, le créateur du projet à être financé affiche l’objectif monétaire qu’il aimerait atteindre, mais les dons qu’il cumule lui sont versés peu importe s’il atteint le montant fixé ou non. Règle générale, pour la majorité des campagnes de sociofinancement, le créateur conserve l’intégralité de ses droits sur la production à venir.

Plusieurs plateformes, beaucoup de projets

Bien qu’il soit plus populaire que jamais, le sociofinancement est loin d’être un phénomène né à l’ère 2.0. En 1958, John Cassavetes a financé son premier film Shadows grâce aux contributions du public suite à plusieurs appels radiophoniques : «Financez un film qui vous ressemble!» disait-il.  Plus tard, plusieurs autres appels à contribution publique firent la manchette, dont le plus célèbre exemple est sans doute la campagne présidentielle de 2008 de Barack Obama, qui a réussi en 21 mois à amasser plus de 750 millions de dollars.

Bien que quelques créateurs développent leur propre plateforme pour mener leur campagne de sociofinancement, la majorité des projets appelant à la contribution de la communauté de trouvent sur des plateformes accueillant de nombreuses campagnes à la fois.

Kickstarter est la plus connues d’entre-elles; hébergeant des propositions toutes sortes liées entres autres aux arts, à l’audiovisuel, à la mode et à la technologie, elle ratisse large et est très visitée.  Selon l’entreprise, qui opère selon le principe du tout ou rien, environ 44% des projets soumis sur Kickstarter réussissent leur campagne de financement.  Le plus éclatant succès de la plateforme est sans doute celui de l’auteure-compositrice-interprète Amanda Palmer. L’artiste américaine a demandé au début mai 2012 un montant de 100 000$ pour financer la promotion de son nouvel album ainsi que sa prochaine tournée. En 30 jours, son projet a amassé la somme record de 1 192 793$, soit plus de 1 192% du montant initialement demandé. Bien qu’elle ne soit pas la seule à avoir été agréablement surprise par la communauté Kickstarter, le succès d’Amanda Palmer constitue tout de même un cas à part.

Indiegogo occupe une place grandissante dans l’univers des campagnes de financement participatif. Cette plateforme a la particularité d’être tout spécifiquement orientée vers le «social»; beaucoup d’emphase est mise sur le rayonnement des projets proposés sur les médias sociaux. Plus un porteur de projet mettra d’énergie à promouvoir sa campagne sur les réseaux sociaux et plus celle-ci attirera de dons, plus son «gogofactor» sera élevé et ainsi plus Indiegogo fera elle aussi la promotion de ce projet via ses comptes sur les réseaux sociaux et plus elle lui offrira une grande visibilité sur sa plateforme.

Basée également sur le modèle du tout ou rien, Touscoprod est dédié au sociofinancement de projets en cinéma et en audiovisuel. Les appels à financement lancés sur cette plateforme tournent principalement autour de l’amélioration des conditions de production, diffusion et promotion de projets de films.  Parmi les campagnes réussies sur ce site, on compte le troisième long métrage de Xavier Dolan, Laurence Anyways, qui a légèrement surpassé son objectif de 35 000$ à la veille du lancement du film, au printemps 2012.

Webséries et sociofinancement

De plus en plus de créateurs de webséries québécoises se tournent vers le sociofinancement pour éponger en totalité ou en partie leurs coûts de production et de mise en marché. La plupart des projets webtélé d’ici optent pour un financement flexible, en se fixant quand même chacun un objectif chiffré. Parmi les campagnes actives en ce moment, notons celle de Manigances, saison 2. Les producteurs et réalisateurs de la série Isabel Dréan et Simon côté (aussi créateurs de Kebweb.tv), ont développé un microsite dédié à la levée de fonds permettant d’accueillir les dons des fans en échange de cadeaux personnalisés pour les donateurs.

Les Jaunes, nouvelle websérie portée par le réalisateur Rémi Fréchette et à être diffusée sur Kebweb.tv en 2013, fait un appel à tous pour financer son tournage. La campagne de financement de la comédie d’horreur se tient sur Indiegogo et se termine sous peu, le 2 juillet. Également sur Indiegogo, l’appel à tous pour la saison 2 de la websérie docu-fiction Pete Boisclair vient d’être lancé. Hervé Baillargeon et Charles Grenier, respectivement réalisateur et concepteur / comédien principal de la série, se tournent vers leurs fans pour faire revivre ce personnage pour le moins coloré qu’est Pete Boisclair, qui avait pris d’assaut les internets dans la première saison de la série, diffusée en 2009.

Enfin, une websérie qui se démarque légèrement des autres de par la communauté qu’elle vise et qui la porte, Féminin/féminin, la première websérie lesbienne au Québec, est en pleine campagne de financement sur Yoyomolo. La productrice Florence Gagnon détaille ainsi les raisons qui ont mené l’équipe à faire un appel à tous pour la première phase de leur financement: «Pour nous, c’est important que la communauté lesbienne participe à plusieurs étapes de la création, car nous manquons vraiment de modèles. Nous voulions que la communauté nous aide à façonner cette websérie, pas seulement financièrement, mais aussi au niveau du contenu.  Il s’agit d’un projet qui exige beaucoup de travail et de moyens, nous avons donc voulu impliquer les filles autour de nous ainsi que leur entourage à elles aussi.» Le tournage de Féminin/féminin, réalisé par Chloé Robichaud, est prévu pour 2013. La websérie sera diffusée sur la plateforme dédiée à la communauté lesbienne Lez Spread The Word.

Billet écrit par: Gabrielle Madé

Webséries financées par le FIP 2012-2013

Le Conseil d’administration du Fonds indépendant de production (FIP) a annoncé lundi le 18 juin le nom des webséries qui seront financées en 2012-2013.  Cette année, 1,5$ million sera investi par le FIP dans la production de séries originales destinées au web. À la base, le FIP a reçu 153 projets de compagnies de production canadiennes pour en retenir 31 en sélection finale, puis en choisir définitivement 15 à être financés, dont 5 francophones. Voici la liste des heureux élus au Québec (informations et descriptions fournies par le FIP):

Projet: La Brigadière

Production: Pixcom (Nadine Dufour)

Réalisation: Stéphane Lapointe

Scénario: Barclay Fortin

Webdiffusion: TVA

Description: Vous la voyez tous les jours au coin de la rue. Le trottoir semble être sa résidence secondaire. Son habillement, aux couleurs voyantes, ne laisse aucun doute sur son occupation… Vous l’avez évidemment reconnue, c’est elle : la brigadière scolaire qui se retrouve au coeur d’une websérie humoristique.
Projet: Juliette en direct – saison 3

Production: Passez Go (Vicky Bounadère)

Réalisation: Marie-Claude Blouin

Scénario: Yvan DeMuy

Webdiffusion: Télé-Québec

Description: C’est avec beaucoup d’entrain que Juliette récupère le contrôle de son placard pour une 3e saison. Alors que la saison 1 et 2 ont respectivement abordé le thème de l’adaptation et du développement des compétences personnelles, les dix épisodes de la 3e saison nous permettront d’explorer le dépassement de soi.


Projet: Manigances – saison 2

Production: Kebweb.tv (Isabel Dréan et Simon Côté)

Scénario: Ghislain O’PrêtreRéalisation: Isabel Dréan et Simon Côté

Webdiffusion: Kebweb.tv

Description: Un assassin dont personne ne connaît l’identité, seulement son surnom : « La Main ». Trois témoins prétendent pouvoir le démasquer. Ils sont protégés dans un motel sous surveillance vidéo. L’attente et les meurtres commencent… Et si « La Main » était l’une des personnes présentes?
Projet: Môtel Chevreuil

Production: Noir de Monde (Jean-François Aubé)

Réalisation: Jean-François Aubé, Nicholas Fournier, François Saint-Laurent

Scénario: Jean-François Aubé, Nicholas Fournier

Webdiffusion: Télé-Gaspé

Description: Motel Chevreuil est une websérie de fiction qui se déroule dans un petit motel situé en Gaspésie. Chaque épisode, met en scène la même chambre, dans laquelle défilent les personnages les plus singuliers et les situations les plus diverses.

 
Projet: Projet M (nommé «1000 jours» au dépôt du dossier au FIP)

Production: Babel (Marco Frascarelli)

Réalisation: Éric Piccoli

Scénario: Éric Piccoli, Mario Ramos, Julien Deschamps Jolin

Webdiffusion: Kebweb.tv

Description: Quatre personnes, aux caractères différents mais complémentaires, sont sélectionnées pour se livrer à une expérience hors du commun; tester la faisabilité d’un voyage aller‐retour de plus de 2 ans et demi vers Europe, une des lunes de Jupiter.

 
Kebweb est très heureux d’être le diffuseur de deux des cinq webséries choisies par le FIP, c’est-à-dire Manigances saison 2 et Projet-M.  Félicitations à tous les créateurs choisis!

Billet écrit par: Gabrielle Madé

Nominations – Prix Gémeaux 2012

Les nominations pour le Gala des prix Gémeaux 2012 ont été dévoilées le lundi 11 juin. Voici la sélection du jury pour les six catégories webtélé:

Meilleure émission ou série originale produite pour les nouveaux médias : dramatique, comédie

BÊTES HUMAINES – Hala Alsalman, Sarah Olivia Mizrahi
EN AUDITION AVEC SIMON III – Simon Olivier Fecteau, Guillaume Lespérance (a_média), Jérôme Hellio (Société Radio-Canada)
LA REINE ROUGE – Olivier Sabino, Patrick Senécal, Martin Berardelli (Oliwood Films)
LE PIXEL MORT – Kim St-Pierre, Marie-Claire Lalonde (Voyous Films)
TEMPS MORT 3 – Marco Frascarelli, Éric Piccoli, Roberto Mei (Productions Babel), Pierre-Mathieu Fortin (Société Radio-Canada)

Meilleure émission ou série originale produite pour les nouveaux médias : humour, variétés

BURQUETTE – Josée Vallée (Cirrus Communications), Julie Roy (Office national du film), Christiane Asselin (Turbulent Média)
CAROLE AIDE SON PROCHAIN (SAISON 2) – Silvi Tourigny, Jean-François Renaud (Concertium)
FISTON – Jonathan Roberge
LE STAGE DE KASSANDRA – Dominic Leclerc, Isabelle Rivest
MR. RAMESH – Jean-François Bouchard, Richard Jean-Baptiste (Lib tv)

Meilleure émission ou série originale produite pour les nouveaux médias : affaires publiques, documentaire, magazine, sport

12TRACKS.TV – Frédéric Bastien Forrest, Pierre-Étienne Bordeleau, François Del Fante, Bruno Mercure (Mouvement de la Relève Musicale)
180º SUR LE TAPIS ROSE DE CATHERINE – Catherine Beauchamp, Lucas Rupnik, Yves Gagné (Les productions Rose Nanan), Jean-François Lemire (Shoot Studio)
FOLK TOI FOLK MOI (AVEC MELISSA MAYA) – Melissa Maya Falkenberg, Lucas Rupnik
KWAD9  – Martin Ceré, Pierre-Paul Larivière, Marie-Josée Lachance (Sympatico.ca), Francois Veillette (Trinôme)
PICK-UP : À LA RENCONTRE D’UN BOUT DU MONDE – Philippe-David Gagné, Jean-Marc E. Roy

Meilleure émission ou série originale produite pour les nouveaux médias : jeunesse

JULIETTE EN DIRECT (SAISON 2) – Vicky Bounadère, Marie-Claude Blouin, Félix Tétreault (Les productions Passez Go), Hélène Archambault (Télé-Québec)
PAPARADIS PROJET WEB  – Frédérick Béland, Vincent Gourd (B612 Communications)
ROXY ET MAX S’ANIMENT – Marie Masse (TFO)

Meilleure émission ou série originale interactive produite pour les nouveaux médias

BLA BLA – Hugues Sweeney (Office national du film)
HORS D’ONDES – Christiane Asselin, Marc Beaudet, Claire Buffet (Turbulent Média), Marie-Josée Lachance (Sympatico.ca)
LE GUIDE DE VOTRE VIE – Michel Bissonnette, André Larin, Vincent Leduc, Brigitte Lemonde, Jacques Payette, Vincent Turgeon (Zone3)

Meilleure émission ou série documentaire originale interactive produite pour les nouveaux médias

CODE BARRE – Hugues Sweeney (Office national du film), Joël Ronez, Rob McLaughlin, Marianne Levy-Leblond, David Carzon (ARTE France)
LE BRUIT DES MOTS – Karine Dubois (Picbois Productions), Pierre-Mathieu Fortin, Jérôme Hellio (Société Radio-Canada), Philippe Archontakis (Departement)
LES ENFANTS DE LA BOLDUC – Jacques Blain, Marie-Dominique Michaud (Lusio Films)
RÉFUGIÉS OUBLIÉS : LES PALESTINIENS AU LIBAN – Danny Braün, Marie-Eve Rheault (Société Radio-Canada)

Le 27e Gala des prix Gémeaux, animé par Joël Legendre, sera diffusé le 16 septembre 2012 sur les ondes de Radio-Canada. Félicitations aux nommés!

Billet écrit par: Gabrielle Madé

Des genres oubliés en télé revivent sur le web

On trouve dans le paysage des webséries québécoises des genres qu’on ne voit pas, ou très rarement, dans les médias traditionnels. Les télédiffuseurs disposant d’une grille-horaire limitée à 24 heures d’«espace» quotidien, sont contraints de faire des choix de programmation en fonction des genres les plus rassembleurs afin de maximiser leurs cotes d’écoute. Ainsi, la télévision est organisée en fonction d’une logique de masse. L’espace étant illimité sur le web, les stratégies de programmation y sont différentes; un produit ne prenant pas la case horaire d’un autre, le contenu web est plutôt organisé selon une logique de niche.

Le web constitue la plateforme parfaite pour les genres jugés trop pointus pour la télé. Pensons par exemple à la dystopie post-apocalyptique Temps mort, à la websérie d’horreur La Reine Rouge ou encore à l’humour particulièrement salé de Contrat d’gars; voilà trois produits relevant de genres rarement présents dans les médias traditionnels québécois qui ont pourtant su trouver leur public sur le web.

Dans le même ordre d’idées, trois productions webtélé courantes méritent d’être découvertes : créées au cours de la dernière année, elles s’apparentent à des genres eux aussi peu fréquentés par les médias québécois: Fréquences (suspense psychologique de science-fiction), le Strobosketch (humour absurde) et Folk-toi, folk-moi (documentaire musical country).

Fréquences

Fréquences est un huis clos où cinq volontaires, enfermés dans une maison de campagne, subissent une expérience psychique. Le chef d’orchestre de l’opération, un professeur obnubilé par ses recherches, expose ses jeunes cobayes à des ondes de différentes fréquences et leur fait revivre de douloureux événements passés, le tout ayant des effets pour le moins troublants sur eux. Diffusée sur le portail web de Ztélé, la série est une production de Tungsten Visuel et a été financée via le volet expérimental du Fonds des médias du Canada.

Le contenu de Fréquences est décliné en trois axes; la plateforme d’un grand esthétisme conçue pour la série distingue les épisodes comme tels des séquences additionnelles tournées dans le sas où se déroule une partie de l’expérimentation ainsi que des capsules de dialogue intérieur des personnages. Ces deux dernières catégories de clips ne sont pas rendues disponibles dans l’ordre chronologique des épisodes mais plutôt dans un ordre choisi par les créateurs, ce qui ajoute des effets narratifs de flash-back et de flash-forward à la série.

La niche d’amateurs de science-fiction est-elle trop restreinte au Québec pour permettre à un projet de ce type de vivre sur les écrans traditionnels? Peut-être, mais vu la haute qualité de cette production, parions que Fréquences trouvera rapidement son public sur le web.

 

Le Strobosketch

Véritable ovni créatif, le Strobosketch prend la forme de capsules de moins de deux minutes rassemblant de très courts sketchs du type «une ligne, un punch».  Le ton très absurde des blagues n’est pas sans rappeler l’univers décalé des Chick n’ Swell à leurs débuts ou encore celui de Bruno Blanchet dans ses chroniques à La fin du monde est à 7 heures.

La série de capsules est signée du mystérieux surnom «Snip Snip Wilson». Les créateurs, qui souhaitent garder l’anonymat, affirment ne pas avoir d’objectif concret pour leur série et encore moins de stratégie de mise en marché ou de plan d’affaires. Ils avaient simplement envie de mettre en image leurs idées décalées, alors ils ont créé le Strobosketch. Voilà une philosophie plutôt underground qu’on n’observe pratiquement jamais, pour des raisons évidentes, dans les médias traditionnels.

Strobosketch – Episode 3 from Snip Snip Wilson on Vimeo.

Folk-toi, folk-moi

Folk-toi, folk-moi est une production indépendante décrivant les multiples facettes de la culture et de la musique country. Ici, c’est le sujet au cœur de cette websérie documentaire qui est généralement boudé par les médias traditionnels; en effet, peu de place est réservée au country et à ses dérivés dans les stations de radio et à la télévision. Folk-toi, folk-moi trace un portrait bien documenté des origines du Rockabilly, du Honky Tonk et du Blue Grass, et présente des rencontres avec d’authentiques amateurs du genre qui font que le country est encore bien vivant aujourd’hui.

Melissa Maya Falkenberg et Lucas H. Rupnik, co-fondateurs du Studio Home Sweet Home, ont joué le tout pour le tout, aillant même jusqu’à hypothéquer leur maison, pour que leur projet puisse voir le jour. Une telle détermination est admirable; voilà des créateurs passionnés qui ont relevé haut la main le défi de la production indépendante d’une série web fort intéressante.  On leur lève notre chapeau (de cowboy)!

Billet écrit par: Gabrielle Madé

Quand les annonceurs font de la webtélé

Au Québec, peu d’annonceurs ont jusqu’ici eu l’audace de s’associer avec un projet de webtélé. Pourtant, les webséries commanditées par des grandes marques ont la cote aux États-Unis et en Europe. Les success stories dans le domaine sont nombreux; on pense entre autre à Easy to Assemble, proposée par IKEA, ou à In the Motherhood, initiative commune d’Unilever et de Sprint.  Ici sont présentées plus en détails trois associations webtélé + annonceur particulièrement réussies qui ont offert un rayonnement intéressant aux marques ayant osé se lancer.

Norman

Norman Thavaud, mieux connu sous le pseudonyme «Norman fait des vidéos» fait sensation sur le web francophone depuis le début 2011. Le jeune Français s’est fait connaître via des capsules humoristiques de quelques minutes postées sur YouTube.  D’allure toutes simples, voir même novices à premier abord, les capsules de Norman sont portées par des textes au ton sarcastique et un montage rythmé.

 

En juin 2011, Orange, le géant français des télécoms, demande à Norman de créer une dizaine de courtes capsules sur le cinéma pour mousser la promotion Orange Cinéday. Ainsi naît la mini-websérie Norman fait son cinéma, rendue disponible en exclusivité sur le canal Dailymotion d’Orange. Au total ces capsules ont cumulé plus de trois millions de clics depuis leur mise en ligne. La collaboration entre les deux parties a été réitérée cette année; en 2012, Norman passe des auditions pour obtenir un rôle dans des grands succès cinématographiques tels Inception, The Artist et Intouchables.

Les barres chocolatées Crunch misent également sur Norman pour leur promo sur le web. En mars dernier, Norman embarque dans un tour du monde commandité où les fans sont appelés à voter pour la prochaine destination d’où Norman fera une vidéo de 7 à 8 minutes. Le résultat est assez sympathique.

Heels

Réalisée pour le compte de Longchamp, la websérie Heels propulse les auditeurs dans l’univers de la mode et des produits de luxe.  À mi-chemin entre le long métrage The Devil Wears Prada et la télésérie Gossip Girl, Heels met en scène deux fashionistas aspirant au poste de rédactrice en chef d’un magazine de mode. D’un esthétisme recherché et tout en élégance, cette websérie ne montre jamais les visages des protagonistes; la caméra ne filme que des mains, des pieds et des silhouettes (ou plutôt des sacs à main, des chaussures et des tenues toutes plus branchées les unes que les autres).  Sans qu’il n’y ait de logo qui soit mis en évidence, on devine rapidement que tout ce qui fait l’objet d’un gros plan est de marque Longchamp.

Pour le moment, Heels compte une seule saison de sept épisodes. La websérie a été lancée en primeur en France, en Angleterre et en Allemagne en novembre 2011, et sera promue en Chine, au Japon, en Corée du Sud et aux États-Unis au cours de 2012.

Leap Year

Leap Year met en scène cinq amis qui, suite à un licenciement commun, s’installent dans un espace de coworking et lancent chacun leur petite entreprise dans le but de gagner un concours pour jeunes entrepreneurs. Financée par la compagnie américaine d’assurance pour startups Hiscox, la websérie a été lancée en mai 2011 et en est déjà à sa deuxième saison. Leap Year a reçu un très bon accueil tant du public que de la critique; au moment de sa sortie, la websérie a obtenu une couverture positive sur des sites web d’influence tels que Forbes et Reuters. Il est intéressant de noter que le commanditaire, Hiscox, se fait très discret dans la série, son logo n’apparaissant qu’à l’ouverture de chaque épisode ainsi qu’à la toute fin du générique. Il en va de même sur le site web de la série; toute la place est laissée à l’intrigue, aux personnages ainsi qu’aux créateurs de la série.

Billet écrit par: Gabrielle Madé

Un homme, un vrai; conversation avec Jonathan Roberge

Parmi les succès populaires de la courte histoire de la webtélé québécoise, on compte incontestablement Contrat d’gars, et son spin-off Une vie de vrai gars. Jonathan Roberge et Alexandre Champagne, concepteurs, auteurs et interprètes des  deux personnages principaux de la série ont marqué au fer rouge l’imaginaire de bien des jeunes hommes à grands coups de testostérone et de «mâlitude». Au total, la franchise Contrat d’gars a généré plus de 8 millions de clics depuis la mise en ligne de la première capsule, en 2009.  Un an après la fin du «talk-show viril», Jonathan Roberge, en solo cette fois-ci, écrit et réalise la websérie Fiston, dans laquelle il joue un père léguant à son fils un testament vidéo lui offrant des conseils peu orthodoxes et parfois déroutants. Le jeune créateur atteint à nouveau la cible; en 2 mois seulement, les capsules de Fiston ont été vues plus de 1,8 millions de fois. En plus de ces succès webtélé, Jonathan Roberge est également le concepteur de la vidéo de flashmob valorisant le recyclage produite dans le cadre de l’émission Testé sur des humains, qui avait été en avril 2011 un succès viral mondial (plus de 2 millions de vues). 

De tels chiffres d’audience ne sont pas communs pour les webséries d’ici. Il semble évident que Jonathan Roberge a compris comment créer des contenus qui ont une forte raisonnance auprès d’un public nombreux. Je l’ai convié à une discussion autours des thèmes de la création pour le web, du succès online et de ses retombées dans le monde offline.  Conversation avec un homme, un vrai.

Gabrielle Madé: Ce que tu fais fonctionne, c’est indéniable. Tu sembles avoir trouvé une certaine «recette du succès» en webtélé; quelle est-elle?  Qu’est-ce qui fait de la webtélé qui fonctionne bien en terme d’audience?

Jonathan Roberge: La webtélé, c’est pas de la télé, c’est pas du cinéma, c’est une forme qui a sa propre écriture, ses propres punchs.  C’est une forme narrative en soi. En websérie d’humour, c’est pas compliqué; il faut que tu punches fort, vite et souvent. Qu’est-ce qu’on regarde en premier quand on ouvre une vidéo? La durée.  Un clip trop long, ça décourage bein du monde. Une capsule, pour qu’elle marche, pour qu’elle soit virale, pour qu’elle soit vue, il faut qu’elle reste assez courte. Moi je préconise le 3 minutes ou moins. Au delà de 3 minutes, je m’assure que j’ai un punch très fort à mi-chemin, un gros éclat de rire, pour être sûr de garder les auditeurs intéressés.

Aussi, il y a certainement une réalisation et un montage particulier à une websérie d’humour. C’est difficile de trouver les mots exacts pour décrire la particularité du genre, mais encore ici, je dirais punché, rapide et droit au but. Des plans rapprochés, le plus souvent à caméra fixe, pour que ça ne prenne pas de temps à comprendre, le tout monté très serré. Regarde Contrat d’gars, regarde Fiston, regarde Bref; les gens cliquent, les gens partagent parce que c’est court, ça fait rire et on passe à autre chose au bout de 2 minutes. 

GM: Es-tu en train de dire qu’au delà de l’humour, point de salut en webtélé? Où vois-tu la dramatique, les magazines, les autres genres?

JR: Je pense qu’il y a certainement de la place pour d’autre chose que l’humour en webtélé, mais je ne suis pas du tout convaincu qu’une série dramatique ou qu’un magazine peut être viral, peut cumuler des millions de clics. Si on parle de succès populaire, tout se joue sur les médias sociaux. Le partage sur Facebook et sur Twitter est crucial; jusqu’ici, on n’a vu aucune websérie attirer des millions de clics sans l’effet viral des plateformes sociales.  Pour les séries dramatiques ou autres, d’après moi il faut établir des critères différents que le nombre total de clics pour juger si c’est un succès ou non, comme la solidité de la communauté de fans bâtie autour d’un projet, par exemple.

GM: Qu’est-ce que ça change d’avoir du succès en webtélé? Comment le rayonnement d’une série comme Contrat d’gars ou comme Fiston se fait-il sentir?

JR: Un gros hit sur le web, ça te met sur la map. À partir de là, il y a pas mal plus de gens qui te reconnaissent, dans l’industrie comme dans la vie de tous les jours.  Un succès populaire sur le web, ça te bâtit une base de fans qui te suit après, dans d’autres projets.  J’ai aussi eu quelques offres comme scripteur en télé après Contrat d’gars. Par contre, ça ne te rend pas riche, ça c’est clair! Créer une websérie est un très bon moyen de commencer, un bon tremplin que je recommande à quiconque a un peu de talent et veut se faire connaître, mais il ne faut pas penser se mettre riche avec ça.

GM: Que penses-tu de l’industrie de la webtélé au Québec telle qu’elle est en train de se structurer?

JR: Il y a quelque chose d’assez injuste dans le fonctionnement du marché de la webtélé, tel qu’il est pour le moment: je pense que les créateurs ne reçoivent pas leur juste part quand leur contenu est monétisé par le diffuseur d’une quelconque façon, par la pub par exemple. Avec 8 millions de clics sur trois saisons de Contrat d’gars et deux saisons d’Une vie de vrai gars, j’ai fait 10 000$.  J’ai beau avoir travaillé des heures de fou là-dessus, ce n’est pas ça qui m’a fait vivre dans les dernières années. Ça ne marchera pas à long terme de laisser les créateurs être mal payés comme c’est le cas en ce moment. Ça ne fera pas une industrie viable. Il faudrait repenser les structures financières et trouver un moyen de mieux distribuer les revenus associés à la diffusion de webtélé.  Étant donné que la situation est comme telle pour le moment, comme artiste ou artisan on essaie de voir si ce qu’on a créé est exploitable dans d’autres sphères.

GM: C’est intéressant de voir qu’on peut penser à des projets web comme à des «marques» qui se déclinent sur de multiples plateformes, au sens large du terme, comme on le fait souvent pour d’autres types de projets culturels. Dans le cas de Contrat d’gars ou de Fiston, est-ce qu’on pourrait penser sortir des personnages de webtélé de l’écran d’ordinateur pour faire une série télé ou un film, par exemple?

JR: C’est intéressant ce que tu dis, parce que oui on pense comme ça; Fiston était à la base un projet de livre qu’on a plutôt décidé de décliner en capsules web. À l’inverse, ce qui est créé sur le web peut très bien vivre ailleurs. Par exemple, cet été, Alexandre Champagne et moi allons amener nos personnages de Contrat d’gars sur scène au Zoofest et je vais faire la même chose aussi avec mon personnage de Fiston. J’ai vraiment hâte de voir si le public va me suivre là-dedans.

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Cet été, des personnages webtélé prendront effectivement d’assaut les scènes du Zoofest du Festival Juste pour rire, pour notre plus grand plaisir. On pourra voir le père de Fiston en compagnie de Martin Félip et Jérémy Larouche dans le spectacle Les Papas, les 5-6-7-9 et 10 juillet.  De leur côté, John et Alex de Contrat d’gars partageront la scène du Show XXX avec Kim Lizotte et Yannick De Martino les 18, 19, 20, 25, 26 et 27 juillet. Attention, ce dernier spectacle s’adresse à un public averti. Les billets seront mis en vente sous peu.

Billet écrit par: Gabrielle Madé

Prix NUMIX 2012 – Beaucoup de talent au pixel carré

Mercredi 16 mai, le tout numérique québécois était convié à la remise des Prix NUMIX 2012 au Monument National de Montréal. Cette troisième célébration de l’innovation multimédia était pilotée par Jean-Philippe Wautier et Olivier Niquet, membres du trio humoristique Le Sportnographe. Ouverture sur musique électronique, lutrin des animateurs en forme de foyer, présence d’un DJ sur scène qui rythme les remises de prix, voix robotisée nommée Sirix (clin d’oeil à l’assistante personnelle des très nombreux iPhones dans la salle, Siri) assistant les animateurs et animation graphique rappelant la thématique digitale de la célébration projetée à l’écran présentant les nominés et les gagnants; tout était en place pour une soirée sympathique et rythmée. Cerise sur le sundae, Wautier a même amené sur scène avec lui son chien Gaston, qui a tweeté à quelques reprises au cours de la soirée.

Les créateurs de Folk toi, folk moi

Quatre prix ont été remis dans la catégorie webtélé. Les oeuvres étaient jugées selon des critères d’originalité et d’innovation ainsi que selon la qualité générale du projet. Le premier trophée, remis pour production d’affaires publiques, magazine et documentaire, a été décerné à Mélissa Maya Falkenberg et Lucas H. Rupnik du studio Home Sweet Home pour le documentaire country Folk toi, folk moi. Émue et très fière, Mélissa Maya s’est exclamée «C’est comme la vengeance du country, je capote présentement!» Les gens présents dans la salle ont semblé particulièrement enthousiastes de voir ce projet indépendant triompher.

L’équipe de Juliette en direct

Du côté des productions jeunesse, c’est sans surprise que la charmante websérie Juliette en direct, produite par Passez Go et diffusée à Télé-Québec, a récolté les honneurs. Claire Dion, directrice du Fonds indépendant de production, a été chaleureusement remerciée d’encourager la webtélé au Québec.

Le duo derrière En audition avec Simon

En humour et variété, pas de grande surprise non plus; Simon-Olivier Fecteau et Guillaume L’Espérance, respectivement créateur et producteur d’En audition avec Simon, sont montés sur scène pour cueillir un prix récompensant la troisième et dernière saison des Auditions, qu’ils avaient également gagné l’an dernier pour la saison précédente.

Le producteur de Fabrique-moi un conte

La compétition était relevée pour le dernier prix, remis pour les fictions et dramatiques, et c’est finalement l’ambitieux projet interactif Fabrique-moi un conte créé par Jimmy Lee et diffusé par sur radio-canada.ca qui l’a emporté.

Il a été souligné à quelques reprises qu’une quantité énorme de créativité, d’imagination et de talent était réunie au pixel carré, mercredi le 16 mai, au Monument National. L’ambiance effervescente qui planait dans la salle laisse croire que malgré la qualité impressionnante des projets qui ont été mis en nomination cette année, le meilleur de la création et de l’innovation numérique québécoise reste encore à venir.

Billet rédigé par: Gabrielle Madé

Interroger l’interactivité en webtélé – Le cas d’Hors d’ondes

Le dernier épisode de la première saison d’Hors d’ondes – Confessions d’une téléréalité a été mis en ligne aujourd’hui. Ainsi est complétée, au terme de 10 épisodes, la diffusion de cette websérie qui se retrouve sans conteste parmi mes préférées de l’année.

Dans Hors d’ondes, on suit le quotidien d’une équipe de production d’une téléréalité nommée «L’Appart», au format comparable aux Big Brother et autres Loft Story qui prennent d’assaut nos écrans télé depuis plusieurs années déjà (trop longtemps, diront certains). Ainsi, la série produite par Turbulent met en scène Kim Rusk en productrice sans tabous ni morale, Anne-Élisabeth Bossé en assistante souffre-douleur de la productrice, Pierre-Luc Brillant en réalisateur blasé et Daniel Thomas en animateur à la fois narcissique et anxieux.  Ces personnages sont tantôt légèrement névrosés, tantôt manipulateurs et presque toujours politiquement incorrects, mais le jeu juste des quatre comédiens parvient à nous les rendre attachants malgré tout.

L’écriture de Caroline Mailloux et de Marie-Andrée Labbé sous-entend une critique ouverte des dérapages éthiques et du gros bon sens, qu’on soupçonnait déjà des coulisses des émissions de téléréalité.On dit d’ailleurs s’être basé sur des expériences bien réelles pour bâtir le scénario. Aucune limite (ni celles du bon goût, ni celles de la morale) ne retient l’équipe de production; on saoule les candidats pour mettre un peu d’action dans L’Appart, on manipule le vote du public via un montage biaisé et on ferait tout pour obtenir des premières pages de magazines, peu importe le nombre de réputations qu’on devra sacrifier pour y arriver.  Bref, la websérie humoristique porte un regard grinçant sur la télé et sur ce qu’on est prêt à y faire au nom de la lutte des cotes d’écoute, le tout présenté dans un enrobage visuel réussi.

L’interactivité remise en question

Au début de chaque épisode d’Hors d’ondes, on offre la possibilité d’écouter en mode linéaire (c’est-à-dire sans interruption) ou en mode interactif. C’est d’ailleurs grâce à cette composante interactive que la série a été jugée admissible au soutient financier du volet expérimental du Fonds des médias du Canada.  Ainsi, on nous propose d’accomplir des tâches simples, comme siffler dans le micro de son ordinateur ou secouer la tête devant sa webcam, pour avoir accès à des séquences bonus.  Ces «extras» ne font cependant pas avancer l’histoire; il s’agit simplement de capsules de quelques secondes, souvent absurdes, sans lien réel avec l’épisode en cours.

Ce volet interactif paraît pour le moins interrogeable. Sans enlever à la qualité narrative de la série, cette interaction avec le spectateur ne lui apporte rien non plus. En moyenne, 35% des gens qui visionnent un épisode d’Hors d’ondes le font en mode interactif. J’ai interrogé à ce sujet Marc Beaudet, président de Turbulent et producteur de la websérie, qui admet d’emblée que le niveau d’interactivité reste plutôt simple et très «grand public».

Marc Beaudet explique que la plupart des gens sont «paresseux» dans leur écoute. Selon lui, le public préfère une consommation en lean back comme en télévision lorsqu’on écoute une websérie plutôt qu’une consommation en lean forward, ce à quoi nous prédisposent habituellement les plateformes numériques.  Le producteur souligne qu’en général des gens ne sont pas intéressés à suivre une websérie où on les sollicite constamment. Selon lui, en cours de création, il faut garder en tête que bien que la webtélé soit un genre en soi, on reste beaucoup plus proche de l’univers de la télé que de celui du jeu vidéo. Dans la majorité des cas, le public ne chercherait pas à «jouer» lorsqu’il écoute une websérie, mais bien à être diverti, à relaxer, à se changer les idées.

Cette attitude relativement conservatrice des consommateurs de webtélé telle que décrite par Marc Beaudet est peut-être en partie attribuable au fait que ce qui a été qualifié jusqu’ici de webséries interactives, depuis la naissance du genre, peut s’être avéré décevant pour le public.  À mon avis, les webséries de ce type qui ont été diffusées jusqu’à maintenant n’explorent qu’une fraction de ce qui pourrait être fait en création audiovisuelle numérique. En l’occurrence, le cas d’Hors d’ondes en est un bon exemple. L’intégration d’un volet interactif à cette fiction déjà fort réussie est allignée avec les tendances créatives du moment sur le web, mais le résultat final laisse un peu dubitatif.

Dans ce cas précis, peut-être doit on interroger les critères peu flexibles du Fonds des médias du Canada qui exige un pan interactif pour que les projets de webséries soient admissibles à son volet expérimental. Dans une perspective plus large, peut-être devrait-on carrément remettre en question la pertinence de l’interactivité en webtélé; est-ce que c’est parce qu’on peut le faire qu’on doit le faire?  Le mode interactif nécessite-t-il une approche, une écriture et une mise en marché différentes de la websérie linéaire?  Lorsque bien intégrée à la trame narrative, l’interactivité ouvre-t-elle la porte à une proximité avec le public, à un engagement des fans que le mode linéaire ne permet pas?  De telles réflexions semblent pertinentes pour les créateurs, producteurs, diffuseurs et bailleurs de fonds qui gravitent dans l’univers toujours émergent de la webtélé.

Billet rédigé par: Gabrielle Madé

Dépôt au FIP – Sprint final pour les créateurs de webséries

Bon nombre de producteurs de webséries québécoises ont très peu dormi la fin-de-semaine dernière et pour cause; ceux dont le projet a été sélectionné par le Fonds indépendant de production (FIP) à la 1ere ronde des dépôts 2012 ont jusqu’à demain, le mardi 1er mai, à 17h, pour soumettre leurs propositions de production pour la 2e et dernière ronde.  Préparer un tel dossier représente une grande charge de travail pour les producteurs, mais le jeu en vaut certainement la chandelle pour ceux qui se verront attribuer l’aide financière nécessaire à la production de leur série.

Le FIP est une source importante de financement privé consacrée aux webséries de fiction linéaires canadiennes. Ce fonds d’investissement spécialement dédié à la création audiovisuelle pour les plateformes numériques a été mis en place en 2010 à titre de projet expérimental et vient d’être reconduit jusqu’en 2014, ce qui est une très bonne nouvelle pour l’industrie de la webtélé au Québec.

Le processus menant à l’attribution du financement du FIP se déroule en deux étapes. Dans un premier temps, on invite tous les producteurs canadiens ayant une idée de websérie et répondant aux critères d’admissibilité à soumettre un document de 6 pages ou moins décrivant le projet (plus d’info sur les lignes directrices ici).  Le comité de sélection du FIP analyse chacun des dossiers reçus et émet, quelques semaines plus tard, une liste de candidatures retenues pour la deuxième ronde.  Cette année, 31 projets ont été retenus pour cette seconde étape, dont 11 projets francophones.  Le FIP demande alors à ces candidats de produire une proposition de production étoffée exposant les détails de leur websérie; synopsis, résumé de tous les épisodes, script des deux premiers épisodes, casting, équipe de production, structure financière, plan de distribution et de marketing, etc.  Il n’est pas rare que la longueur de ce document frise les 100 pages, selon les projets.

De concert avec d’autres partenaires financiers provinciaux, le FIP investit plus de 1,5 million $ chaque année.  Sa participation financière se fait sous forme d’investissement couvrant en moyenne 70% du budget de production des webséries choisies. Les producteurs des projets financées doivent trouver la proportion du financement manquant en obtenant une licence d’un diffuseur, ou en ayant l’appui d’un ou de plusieurs commanditaires, par exemple. Des alternatives moins communes, tel le financement par la communauté (crowdfunding) peuvent être envisagées; tous les moyens sont bons pour boucler sa structure financière.  D’ailleurs, une campagne de financement de ce type vient tout juste d’être lancée pour la 2e saison de Manigances. Les producteurs de la websérie policière sollicitent leur communauté de fans à collaborer au financement de la prochaine saison, en se basant sur le principe que si on se rassemble pour donner – même un peu – on multiplie l’impact de nos contributions.

En 2011, 6 projets avaient été choisis par le FIP: 11 règles (saison 2), Le chum de ma mère est un extra-terrestre (dont la diffusion n’a pas encore débuté), Dakodak (saison 2), Juliette en direct (saison 2), Manigances et Pilote(s). Il est intéressant de souligner que Manigances, disponible ici sur Kebweb.tv, a été le premier projet financé par le FIP à n’avoir pas été diffusé sur le site d’un télédiffuseur.Cette année, Manigances (Saison 2) et 1000 jours, le nouveau projet de Productions Babel (ceux qui nous ont offert les trois saisons de Temps mort), sont parmi les 11 projets francophones toujours dans la course. J’ai échangé sur le sujet avec Isabel Dréan, productrice de Manigances et Marco Frascarelli, producteur chez Babel. Voici ce qu’ils avaient à raconter sur le processus de dépôt, entre deux blitz de préparation de leurs dossiers:

Gabrielle: Comment prépare-t-on un dépôt? Comment ça se passe à quelques jours de la date limite?

Marco F.: Peu importe le dépôt (FIP, SODEC, Téléfilm, etc.) et peu importe la somme demandée, la proposition de production soit être complète et doit se faire le plus professionnellement possible. Chaque élément de la série, du développement à la diffusion en passant par le financement, doit être réfléchit et présenté clairement afin de montrer aux investisseurs que nous sommes conscient des défis du projet. Les dernières journées sont toujours les plus dures, car on se pose beaucoup de questions sur le projet et il y a souvent des modifications de dernière minute en lien avec des nouvelles idées.

Isabel D.: Quand tu fais ton dépôt, il faut que ton dossier soit complet au point où tu pourrais, si tu avais le financement le lendemain matin, commencer ta pré-production directement tellement tu étais prêt. Il faut que tu saches déjà tout sur ta websérie au moment de la soumettre.  La dernière semaine de préparation du dossier est très intense. Les derniers jours c’est vraiment le rush; on fait rien d’autre! Il faut vraiment essayer d’être le plus créatifs et innovants possibles dans notre approche.  Les propositions sont dues pour demain, 17h, et il ne serait pas étonnant qu’on remette notre dossier à 16h58!

G: Combien de temps estimez-vous avoir consacré à votre proposition? Sur quoi avez-vous dû travailler le plus?

I. D.: Monter le budget et la structure financière est certainement la partie la plus difficile. Il faut garder en tête que le FIP est un fonds privé et qu’il n’offre pas une subvention, mais bien un investissement; il faut être en mesure de démontrer de quelle manière on va s’y prendre pour permettre au FIP de récupérer l’argent investi. On a commencé à travailler sur notre dossier un mois avant la date limite et la dernière semaine a été très intense; on a été à temps plein là-dedans. Mais c’est la deuxième fois qu’on fait le processus complet du FIP; c’est beaucoup plus facile cette année. La première fois que tu prépares ce type de dépôt, c’est vraiment plus exigeant.

M. F.: Nous avons travaillé fort sur la distribution et le marketing.  Avec Temps mort, nous avons appris que ces deux pans de la stratégie globale sont cruciaux pour qu’un projet web vive bien et trouve son public. Nous avons principalement travaillé sur notre dossier au cours des trois dernières semaines.  Nous n’avons pas vraiment comptabilisé nos heures de travail, mais on doit certainement dépasser le cap des 250 heures depuis le début du processus des soumissions pour le FIP cette année.

Bref, monter un dossier pour obtenir du financement pour une websérie n’est pas une mince tâche.  Les choix du FIP seront annoncés à la mi-juin. Peu importe les résultats de la course, j’offre toutes mes félicitations aux créateurs qui auront réussi à mener à bien cet objectif et à déposer leur proposition de production d’ici demain.

Billet rédigé par: Gabrielle M.

Nominations Prix NUMIX 2012

Les nominations pour les Prix NUMIX 2012 ont été dévoilées ce matin. Organisée par le Regroupement des producteurs multimédia depuis 2010 et présentée par le Fonds des médias du Canada, la soirée des Prix Numix récompense les meilleures réalisations numériques québécoises.

Parmi les 20 prix qui seront remis cette année, 4 récompensent la webtélé. Voici nommés pour l’édition 2012 dans cette catégorie. Mes coups de coeur sont précédés d’un astérisque; et vous, quels sont vos projets préférés?

WEBTÉLÉ – Fiction et dramatique

Manigances (producteur: Kebweb.tv, diffuseur: Kebweb.tv)

Bêtes humaines (prod: TV5 Québec Canada, diff: Tv5 Québec Canada)

Fabrique-moi un conte (prod: Jimmy Lee, diff: Radio-Canada.ca)

WEBTÉLÉ – Humour et variété

En audition avec Simon III (prod: a_média, diff: Radio-Canada)

Le Rodrishow (prod: TV5 Québec Canada, diff: TV5 Québec Canada)

Pare-chocs à pare-chocs (prod: TVA productions inc., diff: TVA)

WEBTÉLÉ – Affaires publiques, magazine et documentaire

Folk toi folk moi avec Melissa Maya (Studio Home Sweet Home)

Pick-up: à la rencontre d’un bout du monde (prod: TV5 Québec Canada, diff: TV5 Québec Canada)

* 180 degrés sur le tapis rose de Catherine (pro: Rose Nana Shoot Studio)

WEBTÉLÉ – Jeunesse

Juliette en direct (prod: Passez Go, diff: Télé-Québec)

Paparadis – Projet web (prod: B-612 communication, diff: Vrak.tv)

La remise des Prix NUMIX se tiendra le 16 mai 2012 au Monument National à Montréal.  La liste complète des nominations est ici.

Billet rédigé par: Gabrielle M.