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La Déséducation, un problème de société

À l’école, j’étais un mouton noir. Il faut dire que j’avais auparavant eu la chance de faire « l’école à la maison », donc d’avancer à mon rythme avec des professeurs que je choisissais, ou que du moins j’approuvais. Lorsque j’arrivai au secondaire, j’étais de ces élèves qui voulaient apprendre, mais qui sont bien vite désabusés et démotivés. J’étais une ado qui tissait des liens très forts avec certains enseignants qui ressortaient du lot de par leur passion et la dévotion à leur matière. Je me retrouvais par contre souvent dans le fameux bureau du directeur parce que j’avais beaucoup de difficultés à interagir avec les « autres profs », ceux qui selon moi étaient incompétents, mous, et parfois même méchants. Au cégep, lorsque je demandai de l’aide (il faut dire que je manquais l’école au moins deux fois par semaine à cause des tournages) on me répondît que je n’étais plus une enfant, de demander aux autres élèves ou de lire le plan de cours sur le site internet. J’ai arrêté d’aller au cégep après quelques mois, moi qui avais une moyenne de 90% dans tous mes bulletins depuis toujours.

Quand j’ai visionné les premiers épisodes du webdocumentaire « La Déséducation » de Mathieu Côté-Desjardins, j’ai été soulagée. Je ne suis pas folle, finalement, c’est ça?

« C’est un peu la réaction du public en général, me répond Mathieu lors d’une entrevue téléphonique. Les gens sont soulagés de ne pas être seuls dans leur situation, de penser ce qu’ils pensent. Même les jeunes du primaire, dès la quatrième année à peu près, comprennent qu’il y a quelque chose qui cloche. »

La Déséducation, c’est un webdocumentaire choc en huit épisodes sur les failles du réseau de l’éducation, des méthodes d’enseignement douteuses et des lacunes graves du système scolaire. Des entrevues pertinentes, un sujet qui touche tout le monde, le portrait alarmant d’un cercle vicieux, c’est ce que nous propose Mathieu, lui-même enseignant.

« Dès les premiers jours d’université en enseignement, je savais que quelque chose ne tournait pas rond, me dit Mathieu. En tant qu’enseignant diplômé, ce ne fût qu’une question de quelques mois avant de réaliser que je devais faire quelque chose. (…) Je suis un enseignant, ce documentaire n’est que la suite logique des choses. C’est ça ma job, éducateur social. Les gens doivent savoir ce qui se passe. »

La Déséducation sera suivi d’un volet de seize épisodes qui, cette fois, nous présentent des solutions : La Rééducation.

« Nous y rencontrerons de nouveaux intervenants comme des parents et des élèves, qui soutiennent des propos vraiment forts, dont l’école à la maison. Je les écoutais en entrevue et j’étais pendu à leurs lèvres.» raconte le jeune prof.

Mais les autres professeurs, dans tout ça? C’est sûr qu’avec une initiative comme ça, Mathieu Côté-Desjardins ne s’est pas fait d’amis.

« La réaction du public est très positive. La Déséducation s’est déjà fait voir par des dizaines de milliers d’internautes. C’est bon signe. Mais les autres enseignants font les hypocrites. Ils aiment mieux fermer les yeux là-dessus. Ne pas voir. Ceux qui m’en parle me félicite, par contre. »

Un nouvel épisode de La Déséducation est mit en ligne sur Kebweb.tv tous les mercredis, et les épisodes de La Partie 2 : La Rééducation seront sur le site tous les mardis et jeudis à compter du mois de mars. Allez voir ce documentaire. Mais surtout partagez-le avec vos amis, vos parents, vos collègues. Le phénomène de la déséducation, c’est un phénomène de société. C’est ce que j’ai compris en discutant avec Mathieu. Il ne blâme pas seulement le système d’éducation, les enseignants ou le ministère. Ce sont aussi des parents, des jeunes, des humains qui doivent s’ouvrir les yeux sur un problème qui nous touche tous d’une certaine manière. C’est toute une société qui doit se mettre en branle pour changer les choses.

Mathieu, qui parle aussi d’écrire un livre et de s’attaquer à un nouveau projet cinématographique, est un vrai passionné de son sujet et de son emploi. C’est beau et inspirant de l’entendre.

« Je pense qu’on est pris dans un immense feu de forêt. Tout brûle, mais la terre en dessous de nous est fertile. Je suis optimiste en l’avenir. (…) J’ai beaucoup d’histoires d’horreur à raconter, mais je suis témoin dans mon métier de beaucoup de beauté aussi, de petits miracles. »

Merci, Mathieu.

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